Vie de l'Agglo
Bernard Leroy, pilote d’un projet de redynamisation de l’industrie en Normandie
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La Normandie, confrontée à une crise sanitaire sans précédent, risque, comme toutes les régions, de payer un lourd tribut. L’industrie représente 19 % des emplois de la région, qui dispose d’un tissu de recherche et de productions pharmaceutiques puissants. Alors même que les épisodes épidémiques sont susceptibles de se reproduire, cette crise révèle les limites de l’appareil industriel normand à fournir des réponses rapides en période d’urgence sanitaire.
Hervé Morin veut arrêter une nouvelle stratégie industrielle et organiser un plan d’actions dont l’objectif majeur est de renforcer le tissu d’entreprises industrielles, et ainsi faire face rapidement et efficacement à d’éventuels futurs épisodes pandémiques ou climatiques. Il a confié cette mission de pilotage et de réflexion à Bernard Leroy, à la tête de l’Agglomération Seine-Eure, l’une des régions les plus industrialisées en France. Son projet est attendu pour le mois d’octobre. Il reposera sur :
– la proposition d’une nouvelle politique industrielle, identifiant clairement des secteurs et filières à privilégier,
– une plus grande autonomie de production dans les filières liées à la santé (recherche, production de médicaments, équipements et dispositifs médicaux..),
– un plan d’actions comprenant des outils communs entre l’Etat et la Région.
Prendre un temps d’avance
« Nous devons penser à l’avenir dès maintenant, et sur la manière dont nous allons affronter cette période de récession et d’effondrement économique terrible, insiste Hervé Morin, président de Région. Nous devons avoir un coup d’avance. Par l’intermédiaire de Bernard Leroy, les filières industrielles pourront nous proposer des initiatives, de nouveaux investissements, pour conforter la place de la Normandie au niveau national. Nous sommes la première terre industrielle de France : c’est dans l’industrie que se situe l’essentiel du sujet de la relocalisation et de la relance de l’activité économique normande. Nous sommes heureux que ce lancement se fasse ici, chez Fareva. » Hervé Morin encourage les entreprises. « Pendant ces 3 à 4 mois de réflexion, soyez imaginatives, inventives, créatives, ambitieuses ! »
Bernard Leroy s’est dit « honoré que Hervé Morin lui confie cette mission. C’est ici sur ce site qui s’appelait à l’époque Upjohn que j’ai été recruté, à 24 ans comme responsable qualité. C’est ici que j’ai développé cette passion de l’industrie. Elle ne m’a jamais quitté, comme entrepreneur, élu régional, président de l’Agence Régionale de Développement, parlementaire et que je mets tous les jours au service de ce territoire. »
Le président de l’Agglo veut constituer au plus vite un groupe de travail. « Avec Sophie Gaugain, vice-présidente chargée du développement économique à la Région, Alexandre Wahl, directeur de l’ADN, les pôles de compétitivité, nous allons identifier les secteurs stratégiques, croiser les visions des filières en places, étudier le renforcement des outils de souveraineté économique régionale et nationale. Nous prendrons en compte l’écologie, l’économie circulaire et la nouvelle donne managériale et humaine comme le télétravail, et la sécurité sanitaire intégrée. Ils sont désormais des éléments de compétitivité et d’attractivité industrielle. » Selon lui, la crise impose d’imaginer de nouveaux modes d’action pour être efficaces, réactifs et faire émerger de nouveaux projets.
Fareva, un modèle d’industrie
Si cette mission est officiellement lancée chez Fareva, c’est que Bernard Fraisse, son président, incarne cette passion de l’industrie, en particulier l’industrie pharmaceutique, fer de lance sur l’Agglo Seine-Eure. « Vous avez donné ses lettres de noblesse au métier de façonnier, en reprenant 1 à 1 tous les sites industriels que les grands groupes pharmaceutiques ou cosmétiques voulaient fermer ou se défaire, à chaque fois en y ajoutant de la valeur ajoutée créatrice d’emploi et en y investissant des technologies de pointe. Aujourd’hui Fareva c’est 39 sites dans 12 pays sur 3 continents, 12 000 salariés et des dizaines de millions d’euros investis » félicite Bernard Leroy.
A Val-de-Reuil, Valdepharm est dédié aux principes actifs pharmaceutiques (API) et à la fabrication de produits injectable stériles pour la santé de l’homme et de l’animal. Il est spécialisé dans la lyophilisation. Un nouveau bâtiment du pôle chimie (une unité de cristallisation aseptique) est en cours de construction dont les lignes de production doivent démarrer fin 2021 (investissement : 12,5 M€). Deux lyophilisateurs (portant leur nombre à 9), d’un investissement de 7 M€, permettront à terme d’augmenter la capacité de 30% pour deux produits. « Nous retrouvons nos principes actifs dans des médicaments comme l’ibuprofène, le Xanax, les pilules contraceptives, les antidépresseurs, les anticancéreux, l’hydrocortisone… » donne pour exemple Frédéric Baudry, directeur chimie. D’autres molécules sont en développement dans les domaines de la lutte contre la résistance antibiotique, la santé animale, les problèmes intestinaux ou la ménopause.
La forte croissance de la production a incité Valdepharm à tourner 7J/7 et à mettre en place avec la Région et Manpower une formation d’opérateurs de production. Ils étaient 24 en janvier 2019 et passeront à 82 fin 2021 quand la nouvelle unité de fabrication démarrera. Valdepharm emploie aujourd’hui 520 personnes.