« Ce que vivent les gens du voyage, c’est ce que vivent les populations précaires » affirme Claire Hédon. C’est pour voir ce qui est mis en place pour eux sur le territoire Seine-Eure que la défenseure des droits est venue à Louviers, vendredi 24 novembre.

Au siège de l’Agglo Seine-Eure, elle a rencontré David Pollet, vice-président en charge de l’accueil des gens du voyage et les associations du territoire qui oeuvrent pour les droits de chacun. « Les réclamations que nous enregistrons portent sur nos 5 domaines de compétences, rappelle Claire Hédon : le service public, les discriminations, les droits des enfants, les lanceurs d’alerte, le contrôle de la déontologie des forces de sécurité. Nous traitons ces demandes de manière gratuite et impartiale. »

Pourquoi se pencher davantage sur la situation des voyageurs ? « Nous nous sommes rendus compte que nous avions peu de demandes des gens du voyage et nous avons voulu faciliter la possibilité pour eux, de nous saisir. Nous leur avons distribué un dépliant avec un QR code. Résultat : les réclamations ont triplé et ont fait apparaître des difficultés que nous ne soupçonnions pas comme la difficulté de scolariser les enfants à l’école » explique Claire Hédon.

82% des réclamations portaient sur un problème d’accès au service public et 25% sur des problèmes de discrimination. « Ce qui nous a aussi interpellé, c’est que 25% des cas ont été résolus par la médiation alors que le taux est de 75% habituellement avec le reste de la population » poursuit la défenseure des droits.

Pour faciliter les échanges, le Pimms Seine-Eure installe désormais sa caravane sur les aires d’accueil de Louviers et Val-de-Reuil, le mercredi, en alternance. « Nous avons une mission de médiation, de formation numérique grâce à du matériel informatique et nous aidons le public dans les démarches France Service » rappelle Vanessa Warin, directrice du Pimms, qui a succédé à Delphine Boivin, le 1^er  février 2023.

Faire respecter leurs droits

Sur l’aire d’accueil de Louviers, Claire Hédon a pu rencontrer James Lévy, père de 4 garçons. « Ici on a de l’eau, de l’électricité, des toilettes et on pose la caravane sur du bitume, pas sur la terre » détaille le voyageur à la défenseure des droits.

En revanche, ses enfants sont scolarisés à l’école Jacques-Prévert par manque de place à l’école du Hamelet, pourtant juste à côté. Il confie aussi que les frais d’eau, d’électricité et d’emplacement sont trop élevés (environ 13€/jour). Certaines collectivités ont mis en place des forfaits journaliers plutôt qu’une facturation aux frais réels.

Un peu plus loin, Lydia vit seule avec son fils, en CM1 à l’école Jean-Moulin. « C’est une aire calme, ça se passe bien entre nous tous » confie la jeune femme. Ce qu’elle aimerait néanmoins, c’est vivre en appartement. « Mais les délais sont trop longs pour obtenir un logement social » regrette-t-elle. « Pourtant, vous élevez seule votre enfant. Vous êtes prioritaire » lui indique Claire Hédon. « Ces rencontres sont passionnantes, reconnaît-elle. Les gens du voyage ne connaissent pas tous bien leurs droits. Nous ferons en sorte de suivre les observations qu’ils ont formulées aujourd’hui. »

L’Agglo a construit 3 aires d’accueil des gens du voyage à Louviers, Val-de-Reuil et Acquigny pour un total de 43 emplacements. En 2023, elle a aménagé aussi une aire de grand passage, à Val-de-Reuil.

Pour contacter le délégué du défenseur des droits : 39 28 | defenseurdesdroits.fr | par courrier à : défenseur des droits – Libre réponse – 71120 – 75342 Paris Cedex 07 (pas besoin d’affranchissement)