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L’Economie Sociale et Solidaire (ESS) qu’est-ce que c’est ?

Dans le paysage économique apparait depuis plusieurs années les notions de « responsabilité sociale et environnementale », de « sociétés à missions » ou encore « d’économie sociale et solidaire ». L’économie sociale et solidaire (ESS), loin d’être récente, apparait au XIXe siècle, en réaction au développement du capitalisme et de la révolution industrielle.  Elle se forme d’abord dans les milieux artisanaux urbains, coutumiers des solidarités corporatives, avant de s’étendre au prolétariat notamment au sein des caisses coopératives et des mutuelles.

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De manière usuelle, la notion d’économie sociale et solidaire ou ESS pourrait se définir comme une économie éthique fondée sur la solidarité, l’utilité sociale et environnementale, appliquée au milieu de l’entreprise.

Elle regroupe des entreprises :

  • Qui fonctionnent de manière démocratique (un homme égal une voix)
  • Dont l’usage des bénéfices vise le maintien ou le développement de la structure (différence entre l’actionnariat et le sociétariat)
  • Où les objectifs non économiques sont intégrés au cœur de l’activité économique (et non comme un éventuel effet induit si les résultats le permettent ou si la loi y oblige).

En 2014, la définition de l’ESS est institutionnalisée dans la Loi Hamon comme un « mode d’entreprendre et de développement économique adapté à l’ensemble des domaines de l’activité humaine ». Sont reconnues de l’ESS les entreprises de statut associatif, coopératifs, et disposant de l’agrément ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale).

L’Economie Sociale et Solidaire se présente comme une alternative au modèle économique dominant dont le mode de production se base sur les besoins sociétaux et qui a su expérimenter là où ni les pouvoirs publics ni les entreprises classiques ne se sont engagés. On peut citer en exemple l’association Envie qui a développé dès les années 80 un modèle économique sur la réparation et le réemploi des déchets électroménagers pour les remettre dans le circuit de consommation à bas prix, comme support d’activité de formation et d’insertion de personnes éloignées de l’emploi.

Les entreprises de l’Economie Sociale et Solidaire sont considérées comme poursuivant une utilité sociale au sens de la loi car leur l’objet social satisfait à titre principal au moins à l’une des 4 conditions suivantes :

  • Soutien à des personnes en situation de fragilité et lutte contre leur exclusion ;
  • Préservation et développement du lien social ou de la cohésion territoriale ;
  • Education à la citoyenneté, notamment par l’éducation populaire et participation des bénéficiaires de ces activités ;
  • Développement durable, à la transition énergétique, à la promotion culturelle ou à la solidarité internationale.

Pourquoi l’Agglo Seine-Eure s’empare du sujet ?

L’Agglo Seine-Eure, premier pôle économique de l’Eure, structurant sur l’Axe Seine, est un territoire où prédomine l’économie industrielle productive. Si cette économie offre des emplois, crée de la richesse et de l’attractivité pour le territoire, elle n’entre pas directement dans la satisfaction des besoins quotidiens de ses habitants et usagers. L’Economie Sociale et Solidaire a été identifiée par l’Agglo Seine-Eure pour accompagner les transitions du territoire en comptant sur ses impacts :

  • Economiques : création d’activités d’économie résidentielle et des emplois non délocalisables
  • Environnementaux : création d’activités dans le domaine du développement durable
  • Sociétaux : aller vers plus de justice sociale, répondre aux besoins des habitants et dynamiser le territoire.

 

Pour Bernard Leroy, Président de l’Agglo Seine-Eure, il s’agit d’un « entreprenariat à haute valeur humaine, utile pour l’environnement, pour le territoire et pour la communauté au travers des projets au service de la demande des habitants et pourvoyeurs de métiers qui ont du sens. »

 

Et si l’Agglomération Seine-Eure est une des Communautés d’agglomération au sein de laquelle le poids de l’ESS est le plus faible en Normandie avec 4 % de l’emploi salarié du territoire (contre 11.2% en Normandie), le potentiel de création d’activités et d’impacts sociétaux sont très important :

 

  • 2 Français sur 3 contribuent à la vie associative (41% participent aux activités associatives et 50% sont donateurs).
  • Entre 2015 et 2020, en milieu rural, l’emplois en l’ESS a augmenté de 4.9%, alors qu’il a baissé de 4,1% dans l’économie « classique ».
  • Entre décembre 2020 et 2023, l’emploi en ESS sur le territoire de l’Agglo Seine-Eure a gravit 14,45 points.

Les coopérations entre l’ESS et l’économie « classique »

Les coopérations entre les entreprises de l’ESS et celles de l’économie « classique » sont de plus en plus fréquentes et peuvent prendre plusieurs formes. Ces collaborations permettent de combiner les forces et les valeurs des deux mondes, créant ainsi des synergies bénéfiques pour toutes les parties impliquées.

Partenariats stratégiques :

  • R&D et Innovation : développer de nouvelles solutions ou produits. La brasserie des 2 amants propose ses bières dans des contenants consignés, collectés et nettoyés par l’association IDVERRE, ce qui permet d’améliorer la gestion des déchets. Ce type d’innovation pourrait être développée à l’échelle de la filière auprès d’autres distributeurs et fabricant mais également de la restauration collective.
  • Projets communs : sur des thématiques telles que l’insertion professionnelle des ponts peuvent être créer entre une entreprise d’insertion sur le bâtiment (ABBEI et Cursus) et une entreprise classique dans le cadre des parcours d’insertion.
  • Sous-traitance et fourniture : sous-traiter certaines des activités à des entreprises de l’ESS, comme le nettoyage (ODS Propreté sur le territoire), l’entretien des espaces verts (Régie de quartier de Louviers) ou les services à la personne.
  • Co-développement local : collaborer sur des projets de développement local pour améliorer les conditions de vie de la population. Les entreprises de distribution peuvent donner leurs invendus aux acteurs de lutte contre l’insécurité alimentaire comme Epireuil

Achats responsables :

  • Intégrer des critères sociaux et environnementaux dans les politiques d’achat en privilégiant les fournisseurs issus de l’ESS. La ressourcerie l’ABRI fourni et aménage des espaces professionnels à destination des entreprises via du mobilier de réemploi.

Mécénat et parrainage :

  • Soutenir les structures de l’ESS par le biais de mécénat financier, de parrainage de projets ou en fournissant des ressources (comme des compétences en marketing, en gestion, etc., de la mise à disposition de locaux non utilisés). L’entreprise CANDOR est engagée dans un programme de mécénat de compétences via l’association Citizens sur le territoire.

Sensibilisation et éducation :

  • Sensibiliser les employés à des thématiques sociales et environnementales, à travers des ateliers, des séminaires ou des actions sur le terrain. L’association Les Guidons déboussolés réalise des ateliers de promotion de la mobilité à vélo (ateliers de remise en selle, réparation, découverte des pistes cyclables, etc.).

Des coopérations gagnants-gagnants

Ces coopérations permettent non seulement de répondre à des enjeux sociaux et environnementaux, mais aussi d’enrichir les pratiques des entreprises classiques par l’adoption de valeurs et de modes de fonctionnement plus solidaires et responsables. Elles peuvent permettre aux entreprises classiques de se positionner favorablement dans un marché de plus en plus soucieux des enjeux sociaux et environnementaux. Elles offrent également aux entreprises de l’ESS des opportunités de développement et de croissance en accédant à de nouveaux marchés et en bénéficiant de l’expertise des entreprises classiques.

  • Amélioration de l’image :
    • Montrer son engagement envers des pratiques responsables et éthiques, ce qui peut attirer des clients sensibles aux enjeux sociaux et environnementaux.
    • Ouvrir de nouveaux segments de marché auprès de consommateurs de plus en plus attentifs à l’impact social et environnemental des produits et services qu’ils consomment.
    • Renforcer la motivation et l’engagement des employés, surtout les plus jeunes générations, cherchent souvent à travailler pour des entreprises qui partagent leurs valeurs, améliorer la satisfaction au travail et attirer des talents soucieux de l’impact social et environnemental.

 

  • Innovation sociale et économique:  accéder à de nouvelles idées, pratiques et modèles économiques qui peuvent être intégrés dans ses propres opérations, favorisant ainsi l’innovation et la différenciation sur le marché.

 

  • Responsabilité sociétale et conformité réglementaire :
    • Répondre aux exigences, anticiper les réglementations futures et à se conformer aux standards élevés de responsabilité sociétale.
    • Contribuer à la création de valeur partagée, c’est-à-dire des bénéfices économiques tout en générant des impacts sociaux positifs.

 

  • Diversification des partenaires et des fournisseurs: réduire les risques liés à la chaîne d’approvisionnement et améliorer la résilience de l’entreprise face à des perturbations économiques ou sociales auprès d’entreprises ESS locales et moins soumises aux aléas du marché.

 

  • Réduction des coûts: Les pratiques durables et responsables sont synonymes de réduction des coûts à long terme : économies d’énergie, de ressources et à une réduction des déchets.

 

Vous souhaitez développer vos coopérations avec les entreprises de l’ESS du territoire : julia.obrebski@seine-eure.com