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Les granulats décarbonés des Carrières de Vignats

La première pierre d’une plateforme multimodale a été posée vendredi soir par Geoffroy Colin, pdg des Carrières de Vignats, au Val d’Hazey. Grâce au train et au fleuve, l’entreprise décarbone le transport des granulats vers Parrris.

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Sur ce site de 12,5 hectares, Carel et Fouché fabriquait jadis des wagons et des pièces pour les chemins de fer. 35 ans après sa fermeture, c’est grâce au train que les Carrières de Vignats peuvent acheminer les granulats extraits des carrières du Calvados et de l’Orne où l’entreprise est historiquement implantée.

Vendredi 3 mai, Geoffroy Colin, pdg des Carrières de Vignats, a guidé le préfet Simon Babre, Hervé Morin, président de la région Normandie, Bernard Leroy, président de l’Agglo Seine-Eure et Philippe Collas, maire du Val d’Hazey, à travers les aménagements en cours pour transformer le site en plateforme fer-fleuve. Les granulats extraits en Basse-Normandie parcourront 160 km en train pour arriver sur cette plateforme. Les matériaux (principalement de la roche massive) seront déchargés, déposés sur un convoyeur à 6 m de hauteur et transférés sur des barges qui remonteront le fleuve, généralement jusqu’à Paris où se situent les principaux clients. Grâce au combo fer-fleuve, les Carrières de Vignats décarbone le transport de leurs matériaux et réduit le nombre de camions sur les routes de près de 8 000 par an.

« C’était une idée folle, en juin 2019, d’imaginer transformer cette friche industrielle à l’abandon depuis 35 ans en plateforme multimodale. La tâche s’avérait très compliquée. Heureusement, nous sommes des carriers et nous nous inscrivons dans le temps long, souligne avec humour Goeffroy Colin, après avoir rappelé les nombreux défis administratifs à relever. Nous avons reçu le soutien sans faille de l’Etat, de la Région et de l’Agglo Seine-Eure. » Les travaux ont débuté en septembre 2023 et doivent durer 15 mois.

Décarboner l’industrie

« Les grands enjeux climatiques nous incitent à décarboner nos activités. Ce site s’inscrit dans les objectifs du Zéro Artificialisation Nette (Zan) puisqu’il ne consomme aucune terre agricole. Il est également stratégique dans la vallée de la Seine, à l’intersection du fer, de la route et de la Seine » souligne Bernard Leroy. L’Agglo a facilité l’aménagement d’une estacade pour le report modal de la route vers la Seine. Elle pourrait être utilisée par d’autres entreprises.

En effet, 4 à 5 hectares ne sont pas exploités par les Carrière de Vignats. Ils pourraient intéresser d’autres industriels qui profiteraient alors des infrastructures du carrier et du frêt fer-fleuve. Les Carrières de Vignats prévoient quant à elles  le transport de 150 000 tonnes de matériaux par train (et 50 000 T par camion). Le trafic annuel devrait être de 100 à 110 trains de 25 wagons par an soit en moyenne 2 trains par semaine.

« Grâce à vos produits décarbonés dans leur transport, vous avez forcément un avantage par rapport aux concurrents qui apportent leurs matériaux par voie routière, note Hervé Morin. Avec le fleuve, la Normandie redevient un des hauts lieux de l’écologie industrielle territoriale. Pour le transport massifié, la Seine mène à Paris mais aussi au grand port maritime du Havre. »

Sur un investissement total de 18 M€, les Carrières de Vignats ont reçu 28% de subventions (4 à 5 M€) de l’Etat, la Région, l’Agglo Seine-Eure, l’Ademe, Voies Navigables de France et l’Agence de l’eau. « Votre projet prouve que l’on peut décarboner en continuant à produire du béton pour nos routes et nos maisons. C’est l’avenir du modèle économique » a félicité Simon Babre.

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