Agriculture / alimentation
Les Hauts Prés pour consommer bio et local
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Houblonn’Eure : la plus grande houblonnière de Normandie
Le projet leur trottait dans la tête depuis un moment. Et il avait d’autant plus de sens qu’une brasserie, la Brasserie des deux amants, est déjà présente aux Hauts Prés. Aussi, quand l’Agglo a lancé un appel à candidature pour la location de 10 hectares de terre sur ce site d’agriculture biologique, Pierre et Vincent Lefebvre ont candidaté pour 5 hectares et ont été retenus.
Les deux frères ont créé la société Houblonn’Eure en février 2023… et ont abattu un travail titanesque. « Le houblon forme des lianes qui poussent en hauteur. Nous avons planté 370 poteaux de 8 mètres, puis fait courir 20 km de câble entre eux à exactement 6,75m et enfin des câble plus fins. Le houblon s’accroche à de la corde en fibres naturelles, attachée aux câbles et plantée dans le sol » présente Vincent Lefebvre, par ailleurs responsable d’équipe au service Rivières et Milieux Naturels de l’Agglo.
Avant de sélectionner les 6 variétés de houblon, Pierre et Vincent ont étudié celles que les brasseurs normands utilisaient en priorité, pour pouvoir travailler en circuit court. « Aux Hauts Prés, nous pouvons compter sur la solidarité des maraîchers. Nous avons prévu d’utiliser le fertilisant naturel de Veragrow. Nous avons aussi le compost du service Rivières et Milieux Naturels si besoin. Les échanges avec Bruno Couchaud, de la Brasserie des deux amants sont très faciles et nous prévoyons de faire des essais de bière à base de houblon frais. La complémentarité de toutes ces compétences est une vraie chance » estime Vincent.
Houblonn’Eure espère produire une tonne à l’hectare, à partir de la 3e année.
Le champignon a pris pied aux Hauts Prés
Gwendal Le Divechen est passé de l’ingénierie en énergie à la culture de champignons. Travaillant exclusivement en bio et privilégiant le circuit court, il a naturellement installé sa société Exfungos aux Hauts Prés, en septembre 2022.
Sur 450 m2, il a installé trois serres et une chambre d’incubation. Dans des seaux, il utilise des drêches de la brasserie des 2 amants, juste à côté, accompagnées de paille qui servent de substrats naturels. Le nouvel agriculteur utilise aussi des ballots de paille bio. Ils sont ensemencés de mycélium sur grain de blé, sur lequel se développent les champignons.
Sous serre, dans un environnement tempéré et humide, les champignons trouvent les conditions idéales à leur développement. Gwendal a choisi de cultiver des pleurotes gris et des shiitakés bio. « Les champignons absorbent tout ce qui les entoure d’où l’importance de les faire pousser dans un environnement le plus sain possible » souligne-t-il. Il commercialise sa récolte fraîche (en bouquet ou « pied coupé ») ou sous forme déshydratée en priorité en circuit court (Amap, Biocoop, ValdeBio, marchés, marché des Hauts Prés…).
Veragrow et ses 25 millions d’employés
Il y a deux ans encore, Théo Saint-Martin, Alexandre Foulon et Alexandre Bocage « élevaient » des vers de terre dans le sous-sol de la maison des parents de Théo. Aujourd’hui, ils possèdent 25 millions de lombrics, qui transforment en compost les biodéchets qu’on leur sert régulièrement.
Leur société Veragrow possède désormais deux lignes de production de 25 mètres de long, installées aux Hauts Prés. Elles permettent de valoriser jusqu’à 200 tonnes de biodéchets par an. « Les vers de terre n’ont pas besoin d’électricité, ni d’eau et rejettent très peu de CO2. Ils mangent et retraitent la moitié de leur poids par jour » rappelle Alexandre Bocage, l’un des 3 co-fondateurs de Veragrow.
Le compost récupéré est ensuite tamisé et sert de base à la fabrication de biostimulants agricoles liquides qui peuvent être utilisés dans les champs. Ces biostimulants rendent l’agriculture plus résiliente, accroissent la qualité et les rendements des cultures tout en améliorant l’empreinte environnementale.
En plus de ces produits, Veragrow commercialise ses lombricomposteurs. Deux variétés ont été conçus : le lombricomposeur à flux continu, d’une capacité de retraitement de 500 kg/jour.
Ils peuvent intéresser les agriculteurs, l’agro-industrie, les centres équestres ; et les lombricomposteurs de proximité pour les collectivités, les restaurateurs, les entreprises et les foyers des particuliers. Au printemps, l’entreprise a finalisé une première levée de fonds d’un million d’euros qui va lui permettre d’accélérer son développement. Veragrow a désormais les moyens de déployer sa gamme de produits à l’international et d’étendre les essais de sa gamme de biostimulants en Amérique du Sud et en Afrique, tout en poursuivant son développement sur le marché européen.