Mobilité
Objectifs tenus pour le demi-échangeur d’Heudebouville
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« Construire un demi-échangeur, que c’est long ! Mais finalement ce délai a été une bonne chose car s’il avait été aménagé plus rapidement, nous n’aurions pas bénéficié des nouvelles technologies dont le péage en flux libre » s’est réjoui Bernard Leroy, président de l’Agglo Seine-Eure, lors de l’inauguration du demi-échangeur d’Heudebouville ce lundi 16 septembre.
Le projet a consisté à compléter le demi-diffuseur en créant 2 nouvelles bretelles orientées vers Rouen. Auparavant, seuls les accès depuis et vers Paris existaient. Aujourd’hui, il est possible de rejoindre l’A13 en direction de Rouen et de quitter l’A 13 depuis Rouen. Il offre aussi un accès direct aux zones d’activités Ecoparc de l’Agglo Seine-Eure.
Révolution sur l’autoroute
C’est la première fois qu’un diffuseur dispose du péage en flux libre. « C’est la plus grande révolution de l’autoroute depuis que l’autoroute existe » lance Arnaud Quémard, directeur général de la Sanef.
Ce dispositif permet aux véhicules de ne plus s’arrêter aux péages. En passant sous un portique muni de caméras, leur plaque d’immatriculation (ou badge télépéage) est lue et les automobilistes ont 72h pour s’acquitter du montant sur le site sanef.com ou chez un buraliste agréé Nirio.
Au-delà de ce délai, une majoration s’applique jusqu’à l’amende de 375 €. D’ailleurs, 400 000 courriers de rappel ont été envoyés depuis juin.
« En supprimant les gares de péage (5 entre Paris et Caen), c’est 30 000 tonnes de CO2 par an qui ne sont pas émises (car il n’y a plus d’arrêt et de redémarrage des véhicules à la barrière de péage) et nous avons rendu 28 hectares à la nature » annonce-t-il.
Le péage en flux libre est déjà effectif sur l’A14 (péage de Montesson) et le bilan est positif. « Ca se passe mieux que prévu. 150 000 usagers ont déjà créé un compte sur Sanef.com où ils peuvent associer leur plaque d’immatriculation à leur carte bancaire » précise-t-il.
L’A13 première autoroute de France pour le free flow
En décembre, c’est l’ensemble de l’A13, entre Paris et Caen, qui passe en péage flux libre. Une première en France. Toutes les gares de péage seront supprimées en l’espace de 2 nuits pour laisser la place aux portiques et caméras. Une déviation sera mise en place le temps de cette intervention. Si la Sanef a choisi l’A13, ce n’est pas par hasard. Arnaud Quémard a avancé plusieurs caractéristiques propres à cet axe :
- Des péages ouverts, c’est-à-dire le règlement d’une somme forfaitaire qui arrête le trafic 5 fois sur les 210 km entre Paris et Caen
- La typologie du trafic : à la fois des trajets domicile-travail et du trafic de week-end particulièrement quand il fait beau
- Une autoroute qui n’est pas connectée à une autre
L’A13, c’est 80% de trafic occasionnel et 8 millions de clients individuels par an
L’environnement pris en compte
Le projet de compléter le demi-échangeur d’Heudebouville a été initié par l’Agglo en 2007, quand il n’était pas encore dans les tablettes de l’Etat, concessionnaire, et de la SAPN. Aménagé entre 2022 et 2024, opérationnel depuis le 19 juin, ce demi-échangeur enregistre déjà le passage de 1 200 véhicules par jour quand les objectifs sont de 1 500 véhicules par jour et par sens.
« Sur 1 200 véhicules, 25% sont des poids lourds, ce qui démontre bien la pertinence de ce projet pour lequel l’Agglo a contribué à hauteur de 1,5 M€ (sur 13 M€ au total ; les autres financeurs étant la Région Normandie et SAPN) » précise Bernard Leroy.
Cet aménagement devrait en effet avoir des répercussions positives sur la circulation : la décongestion de la Départementale 6015 et un impact sur l’échangeur de Criquebeuf qui devrait être moins sollicité pour les automobilistes qui se rendent à Heudebouville, en venant de Rouen.
« Ce diffuseur est surtout un concentrateur de trafic, estime le préfet de l’Eure Simon Babre. Nous voyons trop souvent des poids lourds sur les routes communales par souci d’économie. Désormais, nous n’hésiterons pas à interdire certaines voies car nous avons les infrastructures qui permettent de ne pas les emprunter. »
Outre son effet sur le trafic, ce chantier illustre aussi le combat de la Sanef pour l’environnement. Les travaux du demi-échangeur ont consisté en la déconstruction-reconstruction du pont de la route des Saisons à Vironvay, pour augmenter la largeur de l’ouvrage et permettre de passer les deux voies d’entrecroisement. Il s’est poursuivi par la construction des deux bretelles, l’aménagement de 3 bassins de traitement des eaux pluviales et de rejet des eaux d’autoroute, la création de murs anti-bruit et de merlons et l’aménagement de tunnel pour les batraciens. « Le béton issu des déconstructions a été concassé et réutilisé pour la construction d’un bassin de rétention sur l’A 154 » précise Arnaud Quémard.