Artisanat d'art
Quel avenir pour les métiers d’art ?
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« Les artisans d’art sont des gens de mérite, affirme d’emblée Philippe Huppé devant une salle de conseil bien fournie. Ils ont tout notre mérite parce qu’ils travaillent généralement seuls, au fond d’un atelier, mais contribuent au rayonnement de la France. »
Son auditoire est justement composé d’artisans, de représentants des structures promouvant l’artisanat d’art. Ils sont les premiers concernés par l’étude réalisée sur leur secteur après la crise du Covid. Philippe Huppé et Barbara Bessot-Ballot en sont les rapporteurs. De l’étude, ils ont tiré 34 propositions pour contribuer à la réforme du secteur et à son rayonnement.
Du local à l’international
« La production locale permet de lutter contre le réchauffement climatique. Le Covid a révélé combien les circuits courts étaient importants. Les métiers d’art se redécouvrent avec des valeurs nouvelles : l’écologie, la consommation locale, la réparation, le réemploi, les valeurs RSE » fait remarquer Philippe Huppé.
Pour lui, les artisans doivent accélérer leurs transitions environnementales et numériques, développer un label « bas carbone » et trouver des matières premières pouvant remplacer des matériaux controversés comme le plomb ou l’ivoire.
Et pourtant l’artisanat d’art est aussi un outil d’influence et de rayonnement à l’international.
« Le tourisme du savoir-faire se développe en France. Les métiers d’art et l’industrie du luxe seront sauvés grâce à la mondialisation »
lance le député, qui avoue avoir une notion des métiers d’art qui n’est pas celle de l’artisan travaillant seul dans son atelier.
« Il faut lancer une campagne de communication nationale de grande ampleur, faire davantage connaître les journées européennes des métiers d’art auprès du grand public. C’est ainsi que naîtront peut-être des vocations. »
Les formations prennent ensuite le relai. « Les formations permettent de créer des artisans indépendants mais aussi des ouvriers. Quand Hermès ou Chanel ouvrent leur propre centre, je suis ravi » sourit Philippe Huppé. Ces ouvriers contribuent à perpétuer le rayonnement de la marque à travers le monde.
Jouer collectif
A côté de ses grandes marques mondialement reconnues, vivent parfois difficilement des artisans travaillant seul ou à deux. Pour défendre leur travail, un label serait à créer. Il serait gage d’un savoir-faire, d’une production locale, avec 70% des matières premières d’origine française et les étapes de fabrication réalisées en France. « Aujourd’hui, chaque ville, chaque région crée son label. Pour un Chinois, les Bouches-du-Rhône ça ne veut rien dire. Il veut un objet représentant l’artisanat d’art français » estime Philippe Huppé.
Ces artisans exercent parfois une activité en voie de disparition. « Les plumassiers se comptent sur les doigts d’une main, prend-t-il pour exemple. Il existe 281 activités métiers d’art en France. L’Etat et les collectivités ont leur rôle à jouer pour les soutenir. » Comment : en harmonisant les taux de TVA, en pérennisant le crédit d’impôt métiers d’art (CIMA), en prenant en charge une partie du salaire d’un apprenti ou en assouplissant la législation.
« Prendre un apprenti, c’est transmettre un savoir-faire, donc faire en sorte qu’il ne disparaisse pas » pense le rapporteur. Les collectivités peuvent quant à elle appliquer des loyers très bas pour permettre l’installation des artisans, ou accorder l’exonération de la taxe foncière. « Après tout, on aide les jeunes agriculteurs à s’installer. Pourquoi pas les artisans d’art ? » s’interroge-t-il.
La France doit mettre toutes les chances de son côté. « En 2027, la Chine représentera 45% du marché du luxe, annonce Philippe Huppé. Ils forment des artisans par dizaines, les Etats-Unis et le Canada aussi. Si on ne donne pas un coup d’accélérateur pour rayonner à l’international, les autres le feront à notre place. »
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