Milieux naturels
Restauration d’un boisement alluvial dans la zone humide des Pâtures
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Une intervention humaine au service de l’homme et de la biodiversité
D’ici la fin de l’été, le paysage va se transformer dans le périmètre de la zone humide des Pâtures à Val-de-Reuil. Une coupe de la totalité des peupliers présents sur cette parcelle de 12 hectares va être réalisée. Vieillissants et dangereux, ils ne présentent que peu d’intérêt pour le milieu naturel.
Cette peupleraie, soumise au régime forestier et géré par l’ONF, a été plantée il y a environ 30 ans dans le but de répondre à l’un des 4 enjeux de la forêt : ici, la production de bois (bois d’œuvre, bois d’industrie ou bois-énergie). Prévue pour être exploitée au bout de 25 ans, cette peupleraie présente aujourd’hui tous les signes qu’il faut agir :
- Ces arbres, arrivés à maturité, présentent un danger pour les passants et les véhicules en circulation. Preuve en est la chute sur la D71 à l’hiver 2020-2021.
- Ce boisement mono-spécifique ne permet pas aux autres essences de se développer, processus naturel essentiel au développement de la biodiversité locale.
Si la période d’intervention peut sembler inhabituelle, elle est pourtant nécessaire pour ce chantier. En intervenant en fin d’été, on profite des sols secs pour supporter le poids des machines tout en ayant laissé passer la période de nidification et de reproduction (printemps – début d’été). De plus, il a été décidé d’intervenir en une seule et unique fois pour limiter les perturbations sur le milieu, engendrées par ce genre d’opération.
La coupe de la totalité de la parcelle permettra par ailleurs un reboisement naturel plus rapide.
Les autres essences – rares mais présentes – seront, elles, laissées en place, à l’instar de buissons divers et des chandelles de peupliers (arbres morts sur pieds, très utiles pour la biodiversité).
Ce chantier sera mené par l’entreprise bretonne Samson Emballages, fabricant de biocombustibles (granules), de boites et palettes en bois.
Un futur refuge pour la biodiversité
Une fois les travaux achevés, la zone sera laissée libre afin de permettre un reboisement naturel, dans un premier temps. L’évolution du site sera surveillée afin de décider s’il faut intervenir et replanter certaines essences, d’ici quelques années. Car c’est bien la diversité d’essences (saule, aulne, peuplier noir, chêne, noyer, arbustes tels que sureau, noisetier, cornouiller…), qui favorisera la colonisation du site par la faune.
La zone ne sera pas ouverte au public, afin d’en faire une zone refuge pour la biodiversité.
Les Pâtures, un pari réussi
La même opération a été réalisée en 2014 sur la zone située au nord de la RD71. L’abattage de la totalité des peupliers (8 ha) et la gestion adaptée de la zone humide a permis le développement de la biodiversité du site.
Les suivis faune-flore réalisés par le Conservatoire des Espaces Naturels de Normandie montrent le gain écologique apporté par cette opération :
- côté de la flore, 294 essences sont aujourd’hui présentes dans la zone (contre 238 en 2017 et 137 en 2010) dont 1 espace protégée au niveau régional, l’utriculaire citrine, une plante aquatique qui se développe dans les mares, apparue il y a quelques années seulement.
- côté faune, on dénombre 338 espèces aujourd’hui contre 124 il y a 11 ans, soit une évolution de 172 % qui touche aussi bien les oiseaux, les reptiles et amphibiens, les papillons, sauterelles, libellules scarabées… Toutes ont plus que doublé !
Outre l’aspect protection de la biodiversité (zone naturelle de nourrissage, repos et nidification, Les Pâtures, comme toutes les zones humides, jouent 2 autres rôles essentiels :
- Une fonction épuratrice : en jouant un rôle de filtre, elle retient les matières minérales et organiques transportées par les eaux. Les eaux sont ainsi filtrées avant de rejoindre les eaux de la rivière ou la nappe souterraine, protégeant ainsi la ressource en eau douce.
- Une fonction hydrologique : à la manière d’une éponge, elle absorbe l’excédent d’eau lors de crue (protégeant ainsi les zones urbanisées aux alentours), pour la restituer à la rivière en période de sécheresse.