Gaillon : Quand la restauration des murs soutient la connaissance
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Mercredi, une petite dizaine de personnes a suivi avec attention les explications de Mamadou et Nolan. Agés de 20 ans, ils sont tous les deux en service civique pour 8 mois au château de Gaillon.
Le chantier école de l’association CHAM (Chantier Histoire et Architectures Médiévales) spécialisée dans la restauration du patrimoine emploie au total six jeunes volontaires pour réhabiliter les murs de soutènement des jardins hauts datés du XVIe siècle. Ils y apprennent la maçonnerie traditionnelle, la taille de pierre et la médiation, tout en redonnant aux murs leur solidité et leur beauté.
Hier, ils en ont détaillé les différentes étapes au public. Ils ont rappelé l’histoire du château, expliqué l’origine du mur (XVIe siècle pour la partie en pierre, XIXe-XXe siècle pour la partie en brique), l’origine des pierres qui le composent (la pierre de Vernon et la pierre de St-Leu), les longues recherches qu’il a fallu effectuer avant de commencer le chantier. « Nous essayons de nous rapprocher le plus possible de l’existant pour ne pas dénaturer l’ensemble. Il y a beaucoup d’allers-retours entre les services de la Direction Régionale des Affaires Culturelles et le maître d’œuvre » précise Magali Decaen, médiatrice culturelle.
De nombreux allers-retours mais aussi de nombreux essais. A l’aide d’un classeur, Magali montre aux visiteurs les expérimentations faites autour de la chaux qui va tenir les pierres entre elles. La couleur, la granulométrie ont été étudiées attentivement pour se rapprocher le plus possible de ce qui avait été exécuté par les artisans de l’époque.
Huit mois pour apprendre
Mais avant de lier, il faut tailler. Mamadou sort de sa caisse les différents outils qu’il utilise selon la pierre qu’il a entre les mains. « S’il y a un silex dans la pierre de Vernon, il ne faut pas prendre n’importe quels ciseaux, sinon ils cassent » montre-t-il.
« Il y a beaucoup de choses à apprendre sur un mur, comme les tailles de pierres, qui ne réagissent pas de la même façon selon leur origine » confirme Nolan. Le public a aussi découvert la maquette du mur que Nolan a réalisé. Une grande première pour le jeune homme.
Au public, Mamadou et Nolan ont expliqué comment s’étaient déroulés leurs 8 mois de chantier, qui arrivent à leur terme le 15 mars prochain. « Nous avons eu le temps de restaurer une travée et un contrefort » montre Nolan.
« En 8 mois, Ils ont aussi énormément progressé dans de nombreux domaines : la taille de pierre, la maçonnerie, la médiation, l’animation d’un atelier pour enfants, la fabrication d’une maquette… » ajoute Magali Decaen. Le défi était encore plus grand pour Mamadou qui est arrivé en France récemment et qui ne parlait pas français. Le public l’a d’ailleurs félicité pour ses explications et son sérieux.
Le château sous un autre angle
« Cette visite était très intéressante, reconnaît Brigitte, habitante d’Aubevoye. Nous sommes arrivés il y a 4 ans et comme beaucoup de monde, nous ignorions que le château de Gaillon était le premier château Renaissance de France. A chaque fois qu’une manifestation est organisée, nous y participons, quel que soit le sujet. Cela nous semble important de connaître le patrimoine de notre région. Et cette visite a eu l’avantage de nous faire découvrir une partie de l’enceinte du château que nous ne connaissions pas. »
Les visiteurs ont aussi constaté la qualité du travail réalisé par les 14 personnes du chantier d’insertion Cursus, sur la placette St-Jean. Après avoir enlevé la végétation qui avait envahi le mur, ils ont nettoyé les joints, remplacé les pierres abîmées, remaillé les maçonneries et rejointoyé les pans de murs anciens.
La prochaine visite du Cham est prévue mercredi 6 mars, à 14h. Gratuite et ouverte à tous sans réservation. Il suffit de se présenter à l’accueil du château. Visite en extérieur : bien se couvrir.