Patrimoine
Les rubans du patrimoine pour Portejoie
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Tous les bancs clos de la petite église Ste-Colombe étaient occupés samedi matin. Si l’abbé Faucillers était présent et a accueilli les invités, ce n’est pas lui qui a officié, mais Jean-Philippe Brun.
Le maire a fait la lecture d’une délibération du 11 septembre 1740, dans laquelle l’abbé de l’époque s’inquiétait déjà de l’état de l’église Ste-Colombe. 300 ans plus tard, le constat est toujours alarmant. « En 2018, j’ai demandé que Pierre Mazurier (maire de Connelles et dirigeant d’une entreprise de bâtiment) me fasse un diagnostic. Son bilan n’était pas bon et les travaux à envisager étaient importants » raconte Jean-Philippe Brun.
Mobilisation générale
La couverture de l’église est en fin de vie, les bois de la charpente pourrissent et ces dégradations mettent l’édifice en péril. Ce n’est pas le seul bâtiment remarquable que possède la commune : la mairie, un ancien manoir du XVIIe siècle, présente une toiture en mauvais état également.
Une restauration des deux toitures est nécessaire. Il a fallu toutes les aides pour mener à bien ces travaux : celles de l’Agglo Seine-Eure dont les aspects administratifs et financiers ont été suivis par Delphine Butelet, responsable de la Valorisation du patrimoine, celle de la Fondation du patrimoine représentée par Yvette Petit-Decroix, de la Sauvegarde de l’art français, du Département à travers le dispositif Mon Village Mon Amour, et du Sénat par l’intermédiaire du sénateur Hervé Maurey. « Il faut aussi souligner la grande générosité des 200 habitants de Porte de Seine, qui ont participé à la souscription à hauteur de 50 000 € » remercie le maire de la commune.
D’une toiture à l’autre
Le chantier s’est déroulé en 2019-2020 et a été réalisé par des entreprises spécialisées dans la préservation du patrimoine. Sa spécificité réside dans le fait qu’une partie des tuiles anciennes de la mairie a été réutilisée pour recouvrir l’église. 10% étaient récupérables et ont servi à la couverture de la sacristie et les deux transepts.
La restauration de l’église classée a été suivie par Nicolas Wazylyszyn, ingénieur du patrimoine et adjoint de l’architecte des bâtiments de France. Aurélie Randon, architecte du patrimoine a assuré la maîtrise d’œuvre et a suivi les deux restaurations en parallèle.
C’est l’intégralité de ce vaste chantier et sa réussite qui ont été récompensées par le prix régional des Rubans du Patrimoine. La plaque a été remise à Jean-Philippe Brun par Thierry Delamare, chargé du club des mécènes de la Fondation du patrimoine. Ce concours est organisé par la Fondation du patrimoine, la Fédération française du bâtiment, l’association des maires de France, le groupement des monuments historiques et la Caisse d’Epargne.
Maintenir le patrimoine actif
« Si le chantier a pris une telle ampleur c’est grâce à la mobilisation massive des habitants, a félicité Bernard Leroy, président de l’Agglo Seine-Eure. La préservation du patrimoine crée des liens et la beauté de nos monuments participe à l’image de territoire à haute qualité de vie que nous voulons pour la population. » 30 opérations de sauvegarde du patrimoine ont déjà été menées par l’Agglo depuis la création du service Valorisation du patrimoine.
« L’Eure s’honore d’un patrimoine remarquable, auquel il faut être attentif, souligne le préfet Jérôme Filippini. Pour cela, il faut des moyens financiers, des hommes et des femmes qui se démènent pour maintenir ce patrimoine actif et des entreprises qui perpétuent un réel savoir-faire. Toutes ces conditions semblent avoir été réunies à Porte de Seine. »
Montant total des travaux : 574 000 € HT
- Agglo Seine-Eure : 127 500 € (22%)
- Etat : 195 000 €
- Commune : 167 500 €
- Dons collectés : 65 000 €
- Département : 75 600 €
- Région Normandie : 30 000 €
- Fondation du Patrimoine : 15 000 €
- Sauvegarde de l’Art Français : 10 000 €