Suzanne, c’est d’abord des yeux bleus pétillants, un sourire aux lèvres et une longue tresse. Suzanne, c’est surtout une énergie débordante pour promouvoir tous les arts, et une véritable passion qu’elle voue à son moulin depuis soixante ans.

Si le moulin d’Andé est un outil culturel depuis six décennies, le bâtiment, lui, date de 1195. « Il a été construit en même temps que ceux de Connelles et de Muids pour fournir en farine la garnison de Richard Coeur de Lion. C’est le dernier moulin de ce type, avec toute la machinerie, une roue qui a fonctionné jusqu’en 1864 et un bâtiment qui surplombe le fleuve pour moitié » rappelle Suzanne Lipinska.

C’est son père qui l’a acheté à Louis Renault, en 1939, et qui lui a offert en cadeau de mariage. « Pour mon père, le moulin d’Andé était comme un petit trésor qu’il ne fallait pas user. Comme l’argenterie qu’on ne sort du tiroir que pour l’anniversaire du petit. » Pas pour Suzanne !

Un lieu de création unique

Elle s’y installe en 1956 avec ses trois enfants en bas âge. Elle a aussi des amis peintres, écrivains, qui aiment venir y travailler dans le calme et la sérénité. Les amis sont venus avec des amis. Puis avec les amis des amis des amis. Le moulin est une maison où l’on est reçu, plus qu’un hôtel où l’on est servi.

Petit à petit, le grenier se transforme en chambres. L’étable devient une bibliothèque. L’Orangerie est convertie en théâtre. Un peintre a besoin d’un atelier ? Elle fait tomber les murs d’un bâtiment pour faire poser des vitres et laisser entrer la lumière. « J’ai le mérite d’avoir fourni un outil dont certains avaient besoin à un certain moment » explique Suzanne tout simplement. « Je me sens davantage dépositaire des lieux que propriétaire. Dépositaire et responsable. »

Le moulin devient une maison d’artiste, un lieu de travail mais aussi d’échanges et de rencontres. Tant et si bien que Suzanne Lipinska crée « l’Association culturelle du moulin d’Andé » en 1962. Après les écrivains, le théâtre et les séminaires, la musique fait son entrée et le cinéma par la création du centre des écritures cinématographiques, en 1998. Les plus grands écrivains, cinéastes, romanciers, acteurs, ont trouvé ici l’inspiration et l’ambiance nécessaire pour créer. Maurice Pons le premier. Il est arrivé un 29 juin 1957, jour de la première manifestation culturelle du Moulin et ne l’a plus jamais quitté.

Aujourd’hui, Suzanne peut se reposer sur son petit-fils Stanislas pour assurer la relève et que le Moulin reste un lieu de création et d’inspiration. Une semaine d’animations est organisée pour fêter les 60 ans de l’association. Découvrez le programme ici : Programme 60 ans Moulin d’Andé