Solidarité
Du tri du verre à l’aménagement d’un appartement
Publié le
Le salon, composé d’un canapé, de 2 fauteuils et d’une télé invitent à la détente. Six chaises sont disposées autour de la table et la cuisine a tout ce qu’il faut pour préparer les repas. Deux chambres et une vaste salle de bain complètent cet appartement joliment décoré.
Les résidents l’appellent « L’Auberge » mais il pourrait être un appartement du parc privé ou public que l’on trouve fréquemment en ville. Pourtant, il s’agit de l’appartement tremplin de l’Adapei, la résidence pour adultes en situation de handicap, à Igoville.
Dans l’enceinte même de l’Adapei, cet appartement peut accueillir un ou deux adultes qui aspirent à plus d’autonomie. « L’idée d’aménager un appartement tremplin est née il y a 3 ans. Ici, c’était l’ancien logement de fonction du directeur, puis c’est devenu un lieu d’activités. Le don de l’Agglo nous a incité à concrétiser ce projet » explique Jennifer Amiach, adjointe de direction.
A travers son opération Verre Solidarité, l’Agglo verse à une association locale 1€ par tonne de verre recyclée sur une année. « Nous avons récolté 26 kg/habitant/an soit 2 700 tonnes. Ce sont donc 2 700 € qui ont été versés à l’Adapei » explique Carine Chemineau, responsable « tri et réduction des déchets » à l’Agglo Seine-Eure. L’Adapei a doublé l’enveloppe ce qui a permis l’aménagement de l’appartement tremplin et la mise en place du projet.
Apprendre la vie en autonomie
Ouvert depuis le 8 avril, « l’Auberge » a accueilli Anthony, 36 ans et Loudjia, 21 ans. « La cohabitation s’est très bien passée, raconte Loudjia. Au début, on mangeait la même chose et on prenait nos repas ensemble. La troisième semaine, chacun a géré ses menus et ses repas. »
«Les locataires de l’appartement ont un budget repas de 70€/semaine. Ils se sont aperçus qu’il faut parfois se restreindre un peu pour respecter l’enveloppe et faire des repas équilibrés. Ce n’est pas comme au self où ils peuvent se resservir » explique David Benbelkacem, coordinateur du projet.
« On s’est occupé de tout : les courses, la cuisine, le ménage, le linge et on a un téléphone si on a besoin de joindre un encadrant » enchaîne Anthony. Son projet : vivre à l’extérieur. « Alors avant, je veux essayer de vivre ici, tout seul, sans colocataire » annonce-t-il.
Il a néanmoins une difficulté : la lecture. Pour l’aider, il aimerait mettre en place un système de pictos sur les différentes tâches à accomplir. « Nous avançons dans ce projet avec eux. Nous aussi nous devons adapter nos méthodes pour que leur prise d’autonomie dans l’appartement se passe bien » confirme Mélanie Berta, coordinatrice d’activité et du projet.
Sur les 56 résidents de l’Adapei, 8 pourraient prétendre à vivre quelques semaines dans l’appartement. « Ils doivent présenter une lettre de motivation et nous étudions le dossier en commission d’admission, explique Jennifer Amiach. C’est purement formel mais nous voulons être le plus près possible de la réalité à l’extérieur de la résidence. Ils n’ont pas de loyer à régler mais doivent verser 20 € de caution. »
Dans cet appartement, chacun apprend l’autonomie à son rythme et peut revenir dans la résidence quand il le souhaite. François a essayé, mais « ne se sent pas prêt. Il faut savoir gérer la solitude, ce qui n’est pas facile » reconnaît-il. L’intérêt de cet appartement-tremplin c’est de pouvoir y revenir quand on veut. « Je suis ravie que la subvention versée grâce au verre recyclé ait une si belle finalité » s’est réjouie Marie-Joëlle Lenfant, vice-présidente Nouvelles filières de recyclage et déchets, à l’Agglo Seine-Eure. Quand le verre aide à prendre son envol, voilà qui encourage à trier encore davantage.