Transitions-Energie
Verso Energy veut faire voler les avions avec du CO2
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La décarbonation de l’industrie et des transports est une étape indispensable pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. L’un des leviers d’actions serait de remplacer les énergies fossiles par des carburants de synthèse produits de façon durable.
Le CO2, base d’un carburant du 21e siècle pour l’aviation ? Pour Antoine Huard (ancien de la Générale du Solaire) et Xavier Caïtucoli (fondateur de Direct Energie), c’est loin d’être une utopie. Tous deux se sont associés pour créer Verso Energy. Leur idée : produire une énergie durable en utilisant les 350 000 tonnes de CO2 capturées dans les fumées de combustion de la chaudière biomasse de BEA à Alizay.
Le principe est de produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau pour aboutir à un nouveau carburant, baptisé E-Saf, utilisable par les avions. En 2030, 1,2% de leur carburant devra être composé d’E-Saf et 35% en 2050.
« Nous pouvons produire ce nouveau carburant durable, sans que les compagnies aériennes aient besoin de modifier le système de carburation de leurs avions » explique Antoine Huard, DG de Verso Energy.
Pour cela, Verso Energy a besoin d’une quantité importante de CO2 biogénique, d’être à proximité d’un réseau électrique de RTE (Réseau de Transport d’Electricité) et d’eau (besoin de 180 m3/h d’eau puisés directement dans la Seine). « A Alizay, dans l’Agglo Seine-Eure, toutes ces conditions sont réunies grâce à la présence de la chaudière biomasse de BEA. Il s’agit d’un site stratégique en France car il est l’un des plus importants gisements de CO2 biogénique. Ce CO2 est capital pour sa transformation en carburant durable » souligne Victor Levy-Frebault, directeur du développement.
Ce projet présente de nombreux avantages :
- Il s’inscrit dans la transition énergétique et remplace l’énergie fossile par une énergie durable pour l’aéronautique.
- Il préserve la souveraineté énergétique de la France qui peut produire sa propre énergie plutôt que de l’importer.
- Il participe à la réindustrialisation de la France.
- Il crée 250 emplois.
- La production d’E-Saf n’émet pas de poussière, pas d’odeur, pas de bruit et pas d’émission atmosphérique.
- Le CO2 capté serait acheté à BEA, ce qui apporte une nouvelle source de revenus et pérennise cette chaudière biomasse.
- Le site d’Alizay deviendrait alors avec celui de Petit-Couronne, le premier projet de production d’E-Saf en France.
« L’ensemble du site d’Alizay sera décarboné. C’est sans doute un exemple unique en France »
fait remarquer Bernard Leroy, président de l’Agglo Seine-Eure, présent à la conférence de presse avec Arnaud Levitre, maire d’Alizay et Joël Bigot, maire de Petit-Couronne.
16 000 allers-retours entre Paris et Berlin
BEA est l’un des plus grands gisements de CO2 biogénique de la région. Verso Energy veut construire sur le site d’Alizay une unité de capture de CO2 qui sera ensuite acheminé vers Petit-Couronne où une autre unité de production d’E-Saf sera aménagée sur l’ancien site de Pétroplus.
« A partir de 350 000 T de CO2, nous pouvons produire 81 000 T de carburant E-Saf, par an. 9 000 Airbus A 320 remplis à 50% de ce carburant seraient capables de réaliser 16 000 allers-retours Paris- Berlin, compare Camille Petit, cheffe de projet. Les avions peuvent parcourir la même distance qu’avec du kérozène fossile. »
Verso Energy investira 1,3 milliard d’euros dans le projet Dézir qui pourrait se concrétiser fin 2029.
Réunion publique
Une concertation préalable est prévue du 13 janvier au 15 mars. Le périmètre concerne 19 communes dont Pitres, Alizay, Le Manoir, Igoville, Poses, Les Damps, Léry, Pont-de-l’Arche et Val-de-Reuil.
Verso Energy organise une réunion publique mardi 21 janvier à 18h30 aux Alisiers, à Alizay. Elle sera également présente sur le marché de Pont-de-l’Arche dimanche 23 février toute la matinée.